Replies
2
Voices
2
Alida

le lierre est-il nuisible pour l’arbre ?

2 Réponses

  1. S’agissant de la question relative au lierre, votre interrogation s’avère salvatrice.

    En effet, le lierre n’est pas un « nuisible » pour l’arbre. Le lierre est accusé « d’étouffer » les arbres, car très souvent, on fait l’observation que le lierre est abondant sur des arbres relativement dépérissants, et nous faisons la conclusion que l’arbre est dépérissant à cause du lierre. Or d’une certaine manière, c’est le contraire qui se produit. Si le lierre parvient à progresser dans l’arbre comme il progresse sur un mur de pierres sèches, c’est que l’arbre ne grossit plus beaucoup, et donc qu’il est déjà faible ; le lierre n’est donc pour rien. En observant également attentivement la position du lierre par rapport à l’arbre, on observe que le lierre se situe sur le tronc et les départs de branches, très rarement au niveau des bouts de branches, là où l’arbre développe normalement ses bourgeons, sort ses feuilles… L’arbre n’est donc pas gêné pour réaliser sa photosynthèse. Le lierre est accroché superficiellement, il n’y a pas d’intrusion dans l’arbre, il a son propre système racinaire, il fait sa photosynthèse en toute autonomie, il ne parasite pas l’arbre.

    Sur des arbres qui sont couverts de lierre depuis de nombreuses années, on n’observe pas de traces de contraintes, comme on peut les observer avec les chèvrefeuilles qui font les « bâtons d’évêques ». La croissance plutôt faible de l’arbre est amortie par l’élasticité du lierre qui s’adapte donc sans contraindre le tronc.

    Enfin, argument majeur pour conserver le lierre sur l’arbre, c’est qu’étant présent depuis de nombreuses années, l’écorce de l’arbre n’est plus habituée à recevoir le rayonnement direct du soleil, et retirer brutalement le lierre d’un tronc très longtemps mis à l’ombre produit littéralement des « coups de soleil » que l’on nomme « échaudures », et qui endommage les tissus sous corticaux de l’arbre, précisément là où circule sa sève…

    Sur le plan environnemental, le lierre est une des dernières floraisons de l’année, qui profite aux abeilles si le mois d’octobre (comme cette année) est propice à leurs dernières heures d’activité. C’est aussi un abri pour les oiseaux et autres animaux.

    Les seuls impacts « négatifs » sur l’arbre sont éventuellement : une concurrence pour l’eau au niveau racinaire, un blocage de la possibilité de faire des rejets au tronc en cas de difficulté physiologique majeure, et éventuellement un alourdissement de charge sur quelques branches (ce dernier étant progressif, l’arbre a la possibilité de s’y adapter).

    On peut envisager de « griffer » le lierre pour le limiter un peu, mais pas plus.

    Lionel STAUB, expert forestier et Correspondant Loire de l’association A.R.B.R.E.S.

  2. Une contribution sur le rôle ambigu (mais finalement assez utile) de cette plante est disponible dans le numéro 15 de notre publication (« Rue des belles-Feuilles ») de mai 2023.